En septembre 2017, je proposai ma candidature pour la commande photographique nationale Cnap « Les regards du Grand Paris » 2016-2026. Ma proposition ne fut pas retenue. À défaut de Grand Paris, je décidai alors de me contenter de Petit(s) Paris. Et en touriste prudent, j’ai entrepris des voyages vers des versions modestes et excentrées de Paris sans risque de m’exposer au syndrome auquel la ville a également donné son nom.

Projet soutenu par la Drac Occitanie, dans le cadre de l’Aide Individuelle à la Création obtenue en juin 2018.

Que faire quand il ne se passe rien dans l’actualité locale et quotidienne, quand l’information se dérobe aux circonstances des fameux Qui Quand Quoi Où Comment Pourquoi? Par chance, on dispose du système décimal et « Combien » ne déroge pas à la règle : il comble les vides, tout en nous rappelant qu’entre un et cent tout est à peu près égal. Pendant plus d’un an, j’ai acheté les journaux locaux et compilé des coupures de presse. Je ne suis guère plus informé qu’au départ, mais j’ai réappris à compter sur les doigts, et parfois même à marcher sur la tête.

100 reproductions de coupures de presse, dont les légendes font apparaître les chiffres de 1 à 100.

Projet édité chez Innocences

En 2017, à Villemur-sur-Tarn, je rencontre le propriétaire d’une voiture sans permis. Sur le pot d’échappement nous accrochons un ballon de baudruche géant qu’il gonfle jusqu’à explosion. Cela dure 8’25, et pendant ce temps-là nous ne parlons pas d’attente, et encore moins d’instant décisif.

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La chose vue ne compte plus ; l’instant décisif est la phrase entendue. Des images sont réalisées, par réflexe, sans intention photographique, au moment et à l’endroit même où une phrase, une parole retiennent mon attention. Il s’agit de faire des images en essayant de ne plus tomber dans le piège d’en produire des photographies. L’appareil de prise de vue fonctionne alors comme un quasi-dictaphone : j’entends et je déclenche par réflexe. Je n’illustre même pas le propos initial, je saisis instinctivement l’environnement dans lequel je l’entends. La relation texte image qui en résulte n’a aucun sens ; s’installe alors une complicité disparate et hasardeuse. Ce que j’aime avec le hasard, c’est qu’on ne risque pas de se tromper quand on s’y autorise. (série exposée à Sedan au festival Urbi&Orbi en 2021)

J'ai demandé à un lycéen de m'apprendre à jouer « J'ai du bon tabac » à la flûte. Quelque mois plus tard, j'ai essayé de rejouer, en une seule prise, le morceau de mémoire et j'ai filmé cette tentative. Bien évidemment je n'y suis pas parvenu, mais durant les 5'54'' d'enregistrement des progrès manifestes sont réalisés. Cela pourrait être résumé de la façon suivante : j'ai du bon tabac, peu de mémoire, mais une grande marge de progression.

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